Femme et Abnégation
Au Sénégal, les travailleuses de l’économie informelle, malgré le manque d’équipement, consacrent une large partie de leur temps aux soins à autrui, aux travaux domestiques, à la production et la transformation des produits alimentaires, et à la corvée d’eau (et de bois en milieu rural).
Dans son rapport « Une avancée Décisive vers l’égalité entre les hommes et les femmes » (2019), l’Organisation internationale du Travail (OIT) révèle qu’« au rythme actuel, il faudra 209 ans pour combler l’écart de temps consacré par les femmes et les hommes aux activités de soins à autrui non rémunérées ».
ÉCONOMIE INFORMELLE
Au Sénégal, les travailleuses de l’économie informelle, malgré le manque d’équipement, consacrent une large partie de leur temps aux soins à autrui, aux travaux domestiques, à la production et la transformation des produits alimentaires, et à la corvée d’eau (et de bois en milieu rural). Ces activités reproductrices, non-rémunérées et non-valorisées, réduisent le temps qu’elles peuvent consacrer au travail marchand et à leurs soins personnels. Pour comprendre la difficulté qu’ont les femmes travailleuses de l’économie informelle à concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale, il faut déterminer le temps alloué au travail marchand et non marchand. Ce dernier peut être particulièrement large : le travail non rémunéré dans l’entreprise familiale, les soins dispensés aux membres du ménage, le travail bénévole réalisé au profit de la famille élargie, du quartier et de la communauté.
Dans l’économie informelle, le travail des femmes est souvent mal délimité dans le temps ; et, tout au long de la journée, s’enchevêtrent les activités de production, de reproduction et communautaires. Par exemple, une transformatrice ou une agricultrice peut égrener des graines et cuisiner pour la famille ; moudre les céréales en surveillant son commerce.
Aussi, la durée de travail telle que caractérisée dans le travail salarié structuré ne peut pas s’appliquer pour les femmes de l’économie informelle. Intervenir dans des activités multiples, souvent très différentes, oblige la femme à faire des choix pour passer d’une activité à une autre tout en respectant ses contraintes de temps. Pour gérer la diversité de ses tâches de production et de reproduction, les femmes dans l’économie informelle se servent de repères temporels quotidiens, hebdomadaires ou mensuels, à partir desquels elles organisent leurs activités. Toutefois, la frontière entre les activités productrices, reproductrices et communautaires est souvent bien ténue.
De plus en plus de travailleuses, de tout âge, exercent leurs activités rémunératrices dans plusieurs secteurs de l’économie informelle.
Le travail marchand des femmes de l’économie informelle : une pluriactivité économique mal appréhendée
Au Sénégal, plus de la moitié de la population en emploi (63,0%) a un emploi indépendant ou travaille à son propre compte. Le taux d’emploi des indépendants ou pour son compte propre est de 56,5% chez les hommes contre 73,7% chez les femmes. Les femmes s’activent principalement dans le commerce et la transformation des produits (34,6%), l’agriculture (33,6%) et le service domestique (13%).
Les femmes s’activent principalement dans le commerce et la transformation des produits (34,6%), l’agriculture (33,6%) et le service domestique (13%).
Cette partie de l’étude examine le temps de travail rémunéré des femmes dans quatre secteurs de l’économie informelle, où se retrouve la majorité des travailleuses sénégalaises de l’économie informelle. Il s’agit de : l’agriculture, la transformation des produits, le commerce et les services. Dès à présent, Il faut souligner que ces secteurs ne sont pas totalement étanches, et que la plupart des travailleuses de l’économie informelle allient plusieurs activités dans des secteurs économiques différents. Ainsi, l’agricultrice est aussi commerçante, artisane, transformatrice de produits ; la coiffeuse va, en sus, faire du commerce ; et la tanneuse se transforme en restauratrice le soir.
Si par le passé, cette pluriactivité économique était souvent pratiquée par des femmes âgées qui, ayant moins de charges familiales, ajoutaient à leur activité principale une activité subsidiaire, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. De plus en plus de travailleuses, de tout âge, exercent leurs activités rémunératrices dans plusieurs secteurs de l’économie informelle.
Le travail des femmes dans l ’agriculture
L’agriculture occupe une place importante dans l’économie sénégalaise. Considérée comme un levier pour le développement économique, compte tenu du rôle que jouent les femmes dans la gestion des ressources du ménage (eau, énergie, alimentation), elles sont les premières victimes de la dégradation de l’environnement. Les difficultés que rencontrent les agriculteurs sénégalais les rendent fortement tributaires de la disponibilité des ressources économiques et de l’organisation du travail familial. Désormais, la division sexuelle du travail agricole est plus symbolique que réelle ; généralement, hommes et femmes se retrouvent dans toutes les activités culturales et travaillent en priorité sur l’exploitation familiale, en fonction du calendrier décidé par le chef d’exploitation.
Au Sénégal, même si la majorité des ménages agricoles (84,7 %) sont dirigés par des hommes, la proportion de femmes dans l’agriculture social et économique, elle constitue 15,4 % du PIB et emploie une grande partie de la main d‘œuvre sénégalaise (44,9%). Malgré ses atouts, le secteur agricole est précarisé par de nombreuses contraintes liées à la dégradation des sols, au changement (48,2%) dépasse celle des hommes (42,4%). Cela, avec un paradoxe curieux car elles ont un faible accès à la terre : 75% des parcelles. Le temps alloué aux femmes par les chefs de ménage pour les travaux de leur champ individuel varie d’une exploitation à une autre.
Extrait Source : Copyright © Organisation internationale du Travail 2021 Première édition 2021.