Contribution de M. Alioune Gueye

Cadre conceptuel d’analyse 

La récurrence du débat sur la monnaie ne surgit pas ex nihilo. Je conçois qu’il découle d’un constat des faits historiques dont l’économie occupe une grande place.  En fait, ce serait réducteur de considérer cette question de façon purement économique sans tenir compte de l’évolution des relations internationales, des rapports Nord/ Sud, des inter relations sociales dans un espace globalisé.  Pour des raisons d’économie de temps je préfère aborder cette lancinante question avec des regards croisés 3n me concentrant sur l’Afrique et la mondialisation. Depuis la fin de la 1ere guerre mondiale, la réflexion a tourné sur la question de comment construire la paix et les relations internationales, fût ainsi créée la Société des Nations afin de résoudre cette difficile équation. Dans ce contexte, à la fin de la seconde guerre mondiale,  les états et les grandes institutions  se chargeront de construire les relations internationales en partant du rôle de locomotive des grandes puissances. 

Le constat, à mon avis se résume après 77 ans , à un échec vu que les soit disant grandes puissances n’ont comme instrument d’intervention, que le recours à  la guerre comme solution bien que entre-temps, la fin de la guerre froide, la chute du mur de Berlin, et la relative accalmie des tensions internationales aient permis une longue période de stabilité empreinte d’inégalité dans la distribution de la richesse, de l’endettement et de la dépendance croissante des pays pauvres , de la domination des multinationales et de solutions  négatives pour l’Afrique telles que les ajustements structurels, un système de financement de leur développement trop dépendant de la dette et au cœur du système un manque de levier monétaire comme frein à toute velléité de lutte pour atteindre l’émergence. Il urge alors de rechercher d’autres instruments pour l’Afrique en tenant compte de son potentiel, de ses richesses et de son patrimoine.

Ce cadre conceptuel d’analyse me pousse à considérer ce débat sur la question du levier monétaire comme une exigence intellectuelle d’abord ensuite d’enjeu crucial si les  africains auront le courage de proposer des solutions innovantes sans sortir de l’orthodoxie(on ne joue pas avec la monnaie). 

Notre débat s’incruste donc dans ce contexte qui exige de notre part de dépasser une certaine paresse mentale afin de jouer de notre droit de proposition en tant qu’intellectuels mais aussi en tant que citoyens capables d’accompagner les Etats ou de se substituer à ces derniers dans la production de pensée.  

Je félicite Abdou Cisse pour le modèle qu’il nous propose bien que les instruments qu’il utilise soient connus et utilisés dans le système monétaire (cela renforce son caractère rigoureux) mais, surtout au cœur du modèle je lis trois éléments importants.

  • - Le modèle que propose Abdou Cisse d’utiliser les titres CfA-Obligations pour financer les grands projets étatiques permettrait à nos Etats de s’endetter mais cet endettement plus ou moins intra-muros, nous libère en quelque sorte de la dette extérieure et de ses conditionnalités. 
  • - Le modèle CFA-Obligations s’appuyant sur une société de financement africaine, s’inspire d’un exemple pré existant mais qui va au-delà, puisqu’encore une fois, nous avons une solution africaine aux problèmes africains. D’autre part, cela nous fournit un levier monétaire tout en créant une masse monétaire contrôlée en mesure de booster les échanges intra africains dans les espaces économiques existants avec une monnaie qui change de mode d emploi et nous donne plus de flexibilités par rapport aux autres devises. 
  • - Ce modèle peut gérer une phase transitoire de la constitution de notre monnaie ex Eco tout en contribuant au renforcement des échanges  permettant ainsi à nos économies de construire des critères de convergence accessibles aux pays concernés.
  • - Voilà en quelque sorte ma contribution au débat et en conclusion sur la monnaie, un tel système permettrait aussi de déterminer un panier de ressources naturelles aujourd’hui patrimoine de nos pays afin de promouvoir notre monnaie arrimeé à ce panier comme ce fut pour l’or et le dollar.

Alioune Gueye.

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